Un article de Juan Rochat 

Introduction

L’idée des dépôts institutionnels ouverts apparait au début des années 2000, en même temps que le mouvement Open Access (OA). Diverses institutions comme l’Université de Southhampton ou le MIT commencent, dès 2001, à monter leurs dépôts institutionnels. Rendre accessible, facilement et pour tous, la production scientifique devient une préoccupation de tous les acteurs de la publication scientifique. Les chercheuses et chercheurs, les étudiantes et étudiants, sont les principaux concernés, mais pas uniquement. Les bibliothécaires des institutions académiques s’intéressent de près à ce mouvement et à toutes les nouvelles portes qu’il peut ouvrir.

L’intérêt des bibliothécaires

Les bibliothèques font parties du cercle de la publication scientifique traditionnel. Ce sont les bibliothèques qui, souvent, ont la charge de payer les abonnements aux périodiques, acquérir des articles à l’unité et d’archiver et préserver la production scientifique d’une institution. Avec les nouvelles voies qui s’ouvrent, les bibliothèques doivent repenser la gestion de la production scientifique et ce, d’autant plus à l’ère du numérique. Comment préserver, rendre compte et mettre à disposition la production scientifique de son institution ? Ce sont de nouvelles questions auxquelles les professionnels de l’information sont confrontés. C’est dans ce contexte nouveau que les bibliothèques montent les premiers dépôts institutionnels.

Les objectifs

L’objectif initial est d’avoir une plateforme unique vers laquelle peuvent se tourner toutes les personnes intéressées afin de trouver les références de l’entièreté des publications d’une institution.

Mais d’autres avantages peuvent découler de ces dites plateformes :

  1. La pérennité de la production scientifique.
    L’ère du numérique et de la dématérialisation amène de nouvelles questions quant à la conservation de l’information numérique. Les documents se perdent, sont classés dans des dossiers introuvables, les formats deviennent obsolètes, etc. Avec une plateforme faite pour la préservation des archives numériques, la question de la perte d’un document ne se pose plus. La plateforme devient un lieu de référence.
  2. La visibilité du travail.
    Avoir une plateforme qui réunit l’entièreté de la production d’une institution sur plusieurs années permet aux chercheuses et chercheurs de n’avoir qu’un endroit vers lequel se tourner dans le cadre d’une recherche. Aujourd’hui, il existe des réseaux sociaux, des plateformes qui tentent de réunir la production scientifique, des sites de journaux, etc. Pour trouver la production d’un chercheur il faut avoir un annuaire de sites web pour la trouver. Si chaque institution était dotée d’un répertoire, il suffirait d’avoir la liste des institutions dans lesquels ledit chercheur a travaillé et de se rendre sur les répertoires des diverses institutions pour trouver l’intégralité de sa production. En facilitant l’accès à la production scientifique les chercheurs et chercheuses gagnent en visibilité.
  3. Rendre compte de la production institutionnelle.
    Aujourd’hui pour avoir un ordre d’idée de la totalité de la production scientifique d’une institution, sans dépôt, il faut se lancer dans un travail démesuré et chronophage de recherches. Avec un dépôt institutionnel, la production est centralisée. Elle est accessible et permet de rendre compte de la production actuelle et historique de l’institution.

Fonctionnement

Pour qu’un dépôt institutionnel fonctionne correctement, il faut que tous les acteurs de la production scientifique de l’institution soient impliqués. Ce n’est pas un projet qui se mène et se pilote seul. Les scientifiques, les bibliothécaires, les assistants, etc. doivent alimenter et entretenir le dépôt.

Pour qu’une archive ouverte le soit, il faut prendre en compte les modes de publication des articles qui seront déposés. Si on omet l’Open Access, l’archive institutionnelle est existante mais pas ouverte. Pour rendre l’information accessible, il faut prendre en considération les droits d’usage, de partage et de diffusion. Le billet ne traitant pas de ce sujet je vous invite à lire les articles présents sur la page « Publier en Open Access » des HES-SO qui vous apporteront des notions de base sur le sujet.

Une archive ouverte au Muséum ?

Bien sûr, ce n’est pas par le biais de ce petit billet que je lance le projet d’un dépôt ouvert au sein du Muséum. Cependant, je souhaitai mettre en lumière une idée de projet que j’estime particulièrement intéressante et pertinente pour une telle institution. Avec l’avènement du Web 2.0, l’information s’est multipliée et par conséquent, elle est devenue plus compliquée d’accès. Les archives institutionnelles ouvertes sont une solution pour palier à deux fléaux. Le premier, la perte de la documentation scientifique numérique. Le deuxième, le manque d’accessibilité et de visibilité de la production scientifique. Un dépôt institutionnel au Muséum ne peut qu’être bénéfique et ce, malgré le travail qu’il requiert.  J’ai la conviction qu’il peut devenir un outil indispensable pour le futur de la recherche, de la science et de l’archivage.

 

Si vous êtes interessé.e.s par le sujet des dépôts intentionnels ouverts et de leurs fonctionnements, voici une courte bibliographie :

MARSH, Corrie, WACKERMAN, Dillon et STUBBS, Jennifer A.W., 2017. Creating an Institutional Repository: Elements for Success! The Serials Librarian. 1 mai 2017. Vol. 72, no. 1‑4, pp. 3‑6. DOI 10.1080/0361526X.2017.1297587.

CULLEN, Rowena et CHAWNER, Brenda, 2011. Institutional Repositories, Open Access, and Scholarly Communication: A Study of Conflicting Paradigms. The Journal of Academic Librarianship. 1 décembre 2011. Vol. 37, no. 6, pp. 460‑470. DOI 10.1016/j.acalib.2011.07.002.

RENTIER, Bernard, 2010. Chercheurs, vos papiers ! Les dépôts institutionnels obligatoires. Hermès, La Revue. 2010. Vol. 57, no. 2, pp. 107‑108. DOI 10.4267/2042/38645.

 

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