Tout est parti d’une question posée via le service InterroGe qui nous a été attribuée et qui était la suivante :
« Au Muséum de Genève, pourquoi une mouette et un autre oiseau portent-ils des lunettes? Une blague du taxidermiste ? 😉 »

Ma première réaction quand je lis cette question est « Une mouette à lunettes au Muséum ? Je dois voir ça de mes propres yeux ! ».

Après réflexion, je me demande qui sera la première personne à interroger au Muséum pour mener mon enquête …  Ni une, ni deux, je descend les escaliers et passe la porte de notre atelier de taxidermie. Le taxidermiste, présent au Muséum depuis déjà plusieurs dizaines d’années, me regarde les yeux écarquillés : « Une mouette à lunettes dans les dioramas (NB : les vitrines) ? Je n’ai jamais vu ça et je demande à voir ! ». Celui-ci m’explique ensuite qu’une des traditions au sein de l’atelier de taxidermie du Muséum, consiste à cacher des objets à l’intérieur des animaux naturalisés ; par exemple des journaux, des photos, des lettres et encore bien d’autres objets. Il m’en montre un exemple : à l’intérieur d’un poisson démonté récemment, il a trouvé une lettre, une photo du taxidermiste en train de préparer l’animal, le journal du jour et une bouteille !

Nous nous mettons en route et nous rendons dans les galeries. C’est lundi, le Muséum est fermé et donc, calme. Nous nous dirigeons vers les vitrines de la faune régionale au rez-de-chaussée et apercevons la fameuse mouette. Nous nous regardons et rions : c’est vrai que c’est original et ces lunettes lui vont à merveille ! Hilare, je la prend en photo.

Le taxidermiste me propose « Montons à l’atelier de décoration et scénographie, ils auront sûrement la réponse. ». Une fois dans l’atelier, nous cherchons quelqu’un qui aurait la réponse. Tout le monde est bien occupé, toutefois une des décoratrices vient nous voir : « Une mouette à lunettes ? Ça ne me dit rien du tout ! ». Je lui montre la photo et comme nous, elle rigole. Elle demande à ses collègues présents mais ils n’en savent pas plus. Toutefois, ils nous expliquent que, régulièrement, ils placent des petites figurines, des objets, ou encore des peluches dans les vitrines pour plaisanter et amuser les visiteurs attentifs. C’est un peu leur « marque de fabrique » de la vitrine. Je me rappelle avoir déjà cherché ces objets chaque fois que je suis allée dans les galeries et en avoir repéré un certain nombre. La décoratrice nous accompagne au rez-de-chaussée pour voir ça de ses propres yeux et chercher le second oiseau à lunettes. Elle m’apprend que, pour ouvrir ces dioramas, il faut une machine spéciale et que peu de personnes au Muséum savent s’en servir. La liste des suspects rétrécit …

Le taxidermiste et moi allons interroger les menuisiers car nous savons qu’ils ont accès à ces vitrines pour faire des réparations. Le menuisier sourit et nous dit qu’il pense que cette mouette à lunettes pourrait tout à fait être l’œuvre d’un ancien décorateur qu’il connait bien. Mon compagnon de recherches, qui l’a aussi connu, approuve l’idée. Mais nous n’avons toujours aucune confirmation de cette hypothèse.

Je me décide finalement à aller voir un de nos ornithologues. Celui-ci rigole (décidément, cela amuse tout le monde ! ) et me dit « Bien évidemment que je connais cette mouette ainsi que l’autre oiseau, cela fait des années qu’ils sont là ! C’est un des anciens décorateurs qui en est à l’origine, mais je ne sais plus lequel. ».

Et voilà, le mystère est quasiment résolu ! Nous n’aurons peut-être jamais de nom exact, mais ce n’est peut-être pas plus mal : cela contribuera à préserver les secrets des objets du Muséum et donnera l’envie au visiteur de découvrir les trésors des galeries (tout du  moins, ceux qui sont visibles !).

Juliette

La réponse est à retrouver sur le site d’Interroge.