Contacté, le conservateur au Département de géologie et paléontologie du Muséum nous dit que « Depuis 2,6 millions d’années environ, le début du Quaternaire, plusieurs glaciations ont recouvert plus ou moins complètement la Suisse. Durant la dernière de ces glaciations, le maximum de l’extension des glaciers s’est produit il y a environ 24’000 ans. A cette époque, un immense glacier descendait des vallées alpines, dont seuls les plus hauts sommets dépassaient de la glace, et recouvraient le Plateau jusque vers la région de Soleure. La chaîne du Jura était recouverte par une sorte de calotte glaciaire. Le Chasseron et Chaumont devaient être les seuls sommets qui étaient parfois dépourvus de glace. Au pied de cette calotte, côté français, s’étendaient de grands lacs glaciaires. »

Vous pouvez voir sur le site opendata.swiss une belle carte représentant la situation à cette époque : La Suisse durant le dernier maximum glaciaire (LGM) 1:500000.

Notre conservateur explique encore que « L’origine des cycles glaciaires est complexe. Elle est notamment liée à des variations de l’orbite terrestre. Depuis 12’000 ans, le début de l’Holocène, le climat se réchauffe progressivement et marque le début d’une nouvelle période interglaciaire. Le réchauffement climatique que nous vivons actuellement, cependant, n’a rien à voir avec les cycles glaciaires/interglaciaires liés aux variations orbitales ; il est beaucoup plus rapide que les réchauffements précédents et est d’origine humaine (anthropique). »

Le podcast de l’émission Côté jardin de Monsieur jardinier diffusée le 10 novembre 2019 Thierry Basset : un glacier dans le Jura disponible sur le portail audio de la Radio télévision suisse (RTS) apporte les informations suivantes :

« […] La différence avec les moraines que l’on trouve sur le plateau suisse, c’est quand vous observez les cailloux qu’il y a dedans, et bien vous ne trouvez que du calcaire. Donc, on peut en déduire qu’il ne s’agit pas d’un dépôt issu du glacier du Rhône qui, il y a 20’000 ans sortait des Alpes, s’étalait sur tout le plateau suisse, mais qu’il s’agit d’un glacier local jurassien. […] sur le Jura, il y avait une calotte glaciaire, propre au Jura, qui s’étendait depuis le nord de Pontarlier jusqu’au sud de la région de Nantua et de Bellegarde. […] Ce glacier a fini par fondre […]. »

C’est dans le livre Glaciers : mémoire de la planète que Sylvain Coutterand et Sylvain Jouty apportent des précisions sur ce glacier :

« On a cru longtemps qu’au cours du dernier maximum glaciaire [(le Würm)], le Jura était envahi par les glaces d’origine alpine. Des travaux récents montrent que ce n’est pas le cas. Contrairement aux Alpes dont la topographie drainait la glace par les vallées, le Jura donna naissance à une calotte glaciaire locale, atteignant une altitude proche de 1 800 m. L’essentiel des flux s’écoulait vers l’ouest et la combe de l’Ain, où les moraines frontales en sont préservées. On peut s’étonner de la présence d’une calotte glaciaire sur un massif montagneux d’aussi faible altitude. Mais la topographie a permis la conservation des névés dans les combes, puis l’accumulation de la glace a édifié peu à peu la calotte. »

La chaîne Youtube du Parc naturel régional du Haut-Jura raconte comment ce glacier jurassien s’est formé dans la vidéo Jura, le temps d’une montagne :

« Depuis 1 million d’années, au cours de l’ère quaternaire, la Terre a en effet subi les rigueurs de plusieurs longues périodes glaciaires, alternant avec des épisodes interglaciaires plus tempérés. La dernière de ces glaciations, dite du Würm, s’est mise en place il y a environ 30’000 ans. A cette époque, et durant des millénaires, les glaces ont tout d’abord comblé l’ensemble des grandes vallées des Alpes. Le même phénomène s’est développé dans le massif jurassien avec le comblement des hautes vallées, comme celle de Joux par exemple. Puis deux glaciers se sont lentement formés, indépendants l’un de l’autre : le glacier alpin et le glacier du Jura. En avançant vers l’ouest, sa masse de glace a alors, littéralement, raboté une grande partie des reliefs. Au maximum d’extension glaciaire, les langues terminales du glacier jurassien ont empêché une partie des écoulements des réseaux hydrologiques, donnant alors naissance à des plans d’eaux. […] Des milliers d’années plus tard, lors de la fonte, l’eau a ainsi été retenue […]. La plupart des autres lacs et plans d’eaux qui parsèment la montagne jurassienne sont également nés de la présence passée du glacier. »

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