Voici une compilation des éléments de réflexion qui ressortent suite à la consultation de différents collègues du Muséum d’histoire naturelle (MHN) et du Musée d’histoire des sciences (MHS) : conservateurs-trices, paléontologues, archéologues, ornithologues, etc.

« La science apporte-t-elle plus de questions que de réponses ? » est une question assez classique de science. La réponse est oui, dans le même sens que la phrase de Socrate « Je sais que je ne sais rien ». Chaque fois qu’on approfondit un sujet, on trouve une multitude de nouvelles questions qui ouvrent souvent de nouveaux champs de recherche.

Prenons l’exemple de la composition de la matière : après la découverte de l’atome, puis des protons, électrons et neutrons, on s’aperçoit que les protons se divisent et que leurs subdivisions se divisent également… Au final, on ne sait toujours pas très bien d’où vient la masse !

La science tente de répondre à la question du « comment » et bute toujours sur le « pourquoi » auquel la philosophie et/ou les pensées religieuses tentent d’apporter des réponses.

Il n’est donc guère évident de répondre à pareille interrogation. On peut commencer par une réponse positive, car rien que cette question en appelle déjà une autre : qu’est-ce que « la science » ? Si on parle juste de la biologie (domaine du MHN), alors un débat existe à savoir si la biologie est une science « dure », comme la physique, ou « molle » comme les sciences sociales. A titre, d’exemple, cette interview vidéo de Christian Sachse, auteur du livre Philosophie de la biologie : enjeux et perspectives, qui résume ce point en quelques phrases.

Nous serions tentés de répondre « oui » également, car des questions simples (comme celles parfois posées dans le cadre du service de référence Interroge) appellent toujours à des nouvelles questions plus complexes, comme le raconte l’introduction du livre Questions de sciences de Muriel Florin.

Toutefois, les sciences en général – la biologie en particulier – se basent sur l’accumulation du savoir et sur l’enrichissement des connaissances : on connaît plus intimement le monde vivant qu’à l’époque de Darwin par exemple. D’une certaine façon, on a plus de « réponses » aujourd’hui sur les organismes que ce qu’il pouvait observer ou déduire avec les moyens de l’époque. A ce propos, vous pouvez consulter le dossier Darwin, la (R)évolution continue dans le numéro 95 de Campus, la revue de l’Université de Genève.

Il est important de rappeler que la science accumule des connaissances et qu’elle ne tourne pas en rond ! Il y a donc un progrès qui s’oppose à un relativisme suggérant que tous les points de vue et les théories se valent. Cependant, ces connaissances sont intégrées dans des paradigmes qui changent au fil du temps : la théorie de la gravitation de Newton, la relativité générale, la gravité quantique. Dans ce cas-là, ce sont les mêmes questions qui obtiennent des réponses non pas contradictoires, mais de plus en plus fines. Il en va de même avec la théorie de l’évolution par Darwin, qui ne connaissait en son temps pas les gènes.

Le nombre de grandes questions générales n’augmentent pas nécessairement avec le temps, mais les réponses qu’apporte la science à ces questions les fragmentent en questions plus petites dans un processus sans fin. Exactement comme une fractale. Finalement, il y a une accumulation de connaissances. Sans questions, il n’y a plus de science ! C’est certainement le grand avantage de la science par rapport aux autres modes de pensée qui proposent des réponses en général définitives.

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