Contacté, un paléontologue du Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève nous apporte les précisions suivantes :
« Les patates sont issues d’une domestication d’une plante autrefois sauvage. Avec la sélection artificielle, on a « fait grossir » ces tubercules qui étaient à l’origine beaucoup plus petits. Un rapide examen des recherches archéologiques montre qu’on connait quelques tubercules préservés (mais pas spécifiquement de patates) dans des sites archéologiques, mais il s’agit là de restes très récents (quelques milliers d’années) et ce ne sont donc pas de véritables fossiles. Pour ce qui est des vrais fossiles, vieux de plusieurs millions d’années, des traces de racines sont très courantes dans certains sites. Mais de là à dire que parmi ces restes certains correspondent à l’ancêtre des patates domestiques est un pas qu’on ne peut pas franchir.
Les patates font partie de la famille des solanacées, une famille très importante pour les humains car elle contient également les tomates, les aubergines, le tabac entre autres. On connaît des fossiles de cette famille, notamment des fossiles de fleurs âgés d’environ 50 millions d’années trouvés en France et aux USA, quelques fossiles de fruits, de graines et de feuilles.
Par conséquent, aucun « vrai » fossile de patate n’est connu, mais nous disposons tout de même de quelques informations paléontologiques sur les cousins des patates. »
A l’appui de cette expertise, la bibliothèque des Conservatoire et jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG) nous signale un entretien radiophonique sur Capradio, une radio californienne, avec Brian Atkinson, scientifique au Biodiversity Institute de l’Université du Kansas. Ce dernier parle d’un fossile de 80 millions d’années d’un fruit de Palaeophytocrene chicoensis. Palaeophytocrene chicoensis est un ancêtre du caféier, de la tomate, de la pomme de terre et de la menthe. Ces plantes appartiennent aujourd’hui à des familles différentes (Rubiaceae pour le caféier, Solanaceae pour la tomate et la pomme de terre, Labiatae pour la menthe). Les fossiles donnent à voir des organismes vieux de plusieurs dizaines de millions d’années. Les espèces telles que nous les connaissons de nos jours, mais aussi les familles, étaient profondément différentes de celles contemporaines. Il est donc improbable de trouver un fossile de patate pour le simple fait que la pomme de terre n’existait pas encore en ces temps géologiques éloignés.
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