L’élysie émeraude est une espèce de limace de mer, qui appartient à la classe des gastéropodes. On la trouve sur toute la côte Est de l’Amérique du Nord dans des eaux peu profondes et au milieu des algues, dans lesquelles elle se camoufle.

Elysia chlorotica,Credit: Patrick Krug Cataloging Diversity in the Sacoglossa LifeDesk
Patrick Krug Cataloging Diversity in the Sacoglossa LifeDesk, 2011

Son apparence particulière la fait ressembler à une feuille, grâce à sa couleur verte et aux nervures qui parcourent son dos.

Pourquoi cette apparence ? Elysia chlorotica est en effet un des seuls animaux capables de se nourrir par photosynthèse, un processus normalement réservé aux plantes. En effet, une des caractéristiques principales du règne animal est qu’ils sont hétérotrophes, c’est-à-dire qu’ils récupèrent des nutriments nécessaires à leur survie sur d’autres êtres vivants. Les plantes, quant à elles, sont dites autotrophes : elles obtiennent leurs nutriments indépendamment d’autres êtres vivants, notamment grâce aux chloroplastes qui composent leurs feuilles et qui permettent la photosynthèse.

Cependant, l’élysie émeraude ne naît pas autotrophe. En effet, elle passe les 3 premières semaines de sa vie à consommer du plancton, puis devient adulte. A ce stade, elle se nourrit toujours d’autres êtres vivants, mais va consommer une algue bien spécifique : Vaucheria litorea. Durant la première semaine de sa vie d’adulte elle va la consommer et sa langue, spécialement adaptée, va libérer les chloroplastes et les noyaux des cellules de l’algue. Une fois dans le tube digestif, ils vont être phagocytés, c’est-à-dire intégrés dans les cellules animales de l’élysie. Ce «vol» de chloroplastes et de noyaux se nomme la kleptoplastie. Elle va ainsi petit à petit prendre sa couleur vert émeraude. Après cette semaine, la limace devient autotrophe. Cependant, elle va toujours avoir besoin de consommer des sels minéraux, de l’eau et du CO2, qu’elle obtient à partir de son environnement.

M. S. Tyler – Espèces 9, p. 23, 2013

Elle va ainsi continuer à vivre sa vie de « limace-feuille » pendant 9 à 10 mois. Pendant tout ce temps, elle n’aura pas besoin de consommer à nouveau de la Vaucheria litorea, ni de renouveler ses chloroplastes, qui restent fonctionnels. Sans ces plantes, l’élysie émeraude ne pourrait pas atteindre sa forme adulte finale.

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Smithsonian Environmental Research Center, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Toutefois, Elysia chlorotica n’est pas le seul animal capable de photosynthèse, mais c’est elle qui détient le record de longévité dans cette phase, par rapport à sa durée de vie. D’autres êtres comme la spongille verte, les anémones géantes, les Anemonia sulcata, la méduse Cassiopea xamachana, le corail rouge, les vers de Roscoff ou encore le bénitier (Tridacna sp.) en sont capables. Il existe même un phénomène de ce genre chez un vertébré : la salamandre maculée (Ambystoma maculatum), un amphibien dont les œufs hébergent des algues vertes qui fournissent de l’oxygène aux embryons en échange du rejet de CO2 par ceux-ci. Une telle relation d’échange bénéfique entre êtres vivants, où l’un est englobé par l’autre, est appelée endosymbiose.

Dans la famille de l’élysie d’émeraude, les sacoglosses, il existe quelques autres espèces de limaces capables de faire de la photosynthèse, comme Costasiella kuroshimae.

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Costasiella Kuroshimae, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons

 

Sources :